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Galerie Peter Herrmann
Louzla Darabi et Brigitte Dumez

 

APPARTEMENTS

PEINTURE-DANSE-VIDEO

Né d’une collaboration entre Louzla Darabi, peintre et Brigitte Dumez, danseuse et chorégraphe.

Appartements est né du désir de mettre la peinture en mouvement et de la montrer dans un cadre non traditionnel, l’écran vidéo.

Ce désir a rencontré d’autres pensées m’habitant, liées au mouvement et au temps ;

Un rêve obsédant.

Ces rêves sont des visions d’appartements dépourvues de cohérence spatiale. Le point commun entre ces rêves est que je me trouve toujours dans ces appartements comme un spectateur extérieur. J’y entrevoie des pièces dans lesquelles j’aimerai pénétrer mais qui me restent interdites ou inaccessibles.

Ces rêves sont aussi à associer aux rêves de labyrinthes, souterrains, immeubles.

La femme.

En février 2004, je suis partie en Algérie, mon pays natal, pour 6 mois pour y réaliser une résidence de recherche artistique financée par le Centre Culturel Français d’Alger et la Fondation Marcel Bleustein-Blanchet.

Si je suis retournée an Algérie c’est pour m’affirmer en tant que femme artiste dans un pays où la femme est officiellement inférieure à l’homme et qui vient de traverser 10 ans d’une guerre civile dont les femmes ont été les premières cibles.

Mon propos artistique était la femme.

C’est ma révolte contre les violences envers la femme qui a éveillé en moi une réflexion sur l’origine du rapport de domination de l’homme sur la femme. Quels en sont les enjeux, les rouages, les conséquences.

A Oran ce qui m’a frappé c’est la présence du Sacré et la part importante que prend le corps de la femme dans cette dimension. Que ce soit dans son habillement, dans sa sexualité, dans sa maternité, dans son passage de l’adolescente à la femme par le mariage et par la perte de sa virginité.

Mais j’ai pris aussi conscience de la complexité de la relation de l’homme avec la femme, du cloisonnement des espaces (espace public pour l’homme et privé pour la femme) et donc de l’importance que prennent ses espaces dans un rapport de domination. Et, chose particulièrement importante, je me suis rendu compte que l’homme algérien n’est pas le stéréotype de mes phantasmes ou de celui de beaucoup d’autres mais qu’il est un homme multiple qui, lui aussi, est emprisonné dans un schéma de devenir que la tradition lui impose. C’est un homme qui peut avoir une grande part de féminité, qui se cherche tout comme la femme. En retournant là bas avec cette démarche, j’ai dû voir l’autre, l’homme, et essayer de le comprendre.

Tous ces éléments ont participé à construire cette première vidéo de peintre.

Dans le processus de fabrication de la vidéo j’ai composé de la même manière que je peux le faire en peinture, avec ce qui surgit. Quand un événement s’impose de lui même, j’ai pour principe de l’accepter d’emblée et de faire évoluer l’œuvre avec ce qu’il m’apporte. C’est pourquoi, dans Appartements, certains éléments ont pris le dessus sur d’autres. Comme la présence de la femme-danseuse qui devient le fil conducteur de la vidéo. La peinture n’a pas encore trouvé sa place mais elle s’annonce.

Appartements présente donc le concept de filmer la peinture comme faisant corps avec les lieux et évoluant avec eux. Ce concept sera développé plus profondément dans les vidéos suivantes.

Appartements est une première tentative qui m’ouvre de nouvelles perspectives dans le champ de la création.

C’est une vidéo qui parle d’Oran.

Rien n’indique que l’on se trouve à Oran, ville musulmane, rythmée le jour par une activité forcée et nonchalante et la nuit par le vide et, l’appel à la prière qui résonne dans le ciel et pénètre dans nos lits et nos rêves.

Pourtant ce qui donne la cohérence du lieu, c’est bien Oran.

Je cherche l’envers du décor, ce qu’on ne voit plus mais qui garde la trace d’une vie, d’un passage.  Je cherche à travers ces lieux des rêves d’Appartements visités par l’inconscient.                 

Brigitte Dumez, chorégraphe de danse contemporaine a généreusement collaboré à ce projet en dansant dans Appartements mais aussi en y apportant son regard. Elle devait être un élément secondaire par rapport à la peinture mais sa présence, sa conscience de l’espace, son intuition se sont imposés au film et je n’ai pu faire autrement que d’accepter qu’Appartements se nourrisse de cette femme et que cette femme existe un peu plus.