Peter Herrmann. Octobre 2008
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Datation des bronzes
 

État actuel des méthodes de datations des bronzes d'Afrique de l'ouest du point de vue d'un médiateur culturel indépendant et marchand d'art exigent.

Entre 2006 et 2008, Dorina Hecht et Peter Herrmann ont publié différents articles et ont ainsi livré une nouvelle approche des bronzes d'Afrique de l'ouest, et principalement de ceux du Nigeria. Les réactions à ces publications ont été très diverses. D'un côté, des marchants et des collectionneurs exigeants ont salué notre travail et se sont réjouis d'avoir à disposition un support d'argumentation. D'un autre côté, un petit groupe de sceptiques à l'égard de nos objets et de notre discours a colporté toute sorte de fadaises. Il existe entre ces deux groupes une autre catégorie de personnes indécises qui, en l'absence d'informations plus détaillées, attendent avec intérêt de voir la direction que va prendre le discours.

Récemment nous avons constitué une petite série expérimentale avec des bronzes du Cameroun, nous avons réunis de nouvelles connaissances sur les bronzes du Nigeria et nous avons pu exploiter les résultats de la collection Paul Garn de Dresde acquise en 1920. Ce sont ces raisons qui m'ont poussées à résumer à nouveau ce sujet.

Afin de comprendre ma théorie, il est nécessaire d'accepter que l'analyse par thermoluminescence (TL) soit reconnue. Je ne connais actuellement personne qui doute sérieusement de la datation par TL. Si quelqu'un venait à douter de la précision de cette méthode, il se pourrait certainement qu'il s'agisse d'un malentendu ou de l'influence de la dénonciation systématique de certains acteurs du marché.

Cette méthode est utilisée par d'importants musées et collections dans le monde et elle constitue la base de nombreuses recherches. Nous considérons la datation par TL comme la base de tout argument. La problématique actuelle commence là où les résultats de la TL contredisent les résultats des analyses métallurgiques.

L'un de nos client a fait tester la patine et la composition du métal de trois objets du Bénin par un laboratoire allemand. Pour ces trois objets, les résultats de l'analyse métallurgique et de la patine ont été différents de ceux donnés auparavant par l'analyse par TL. Il est facile de deviner la nervosité des deux laboratoires, celle-ci ayant trait à une certaine acceptation professionnelle et se transmettant à leurs clients qui se polarisent.

Je me suis alors penché sur ce sujet et j'ai du, pour des raisons de réputation également, aspirer à des résultats clairs. J'ai dû à nouveau me demander s'il était possible de faire des faux à partir de méthodes modernes.

Dès les années 90, le Dr. Hermann Forkl du Lindenmuseum de Stuttgart a provoqué plusieurs procès judiciaires en avançant qu'il existait une méthode qui utiliserait les rayons X afin de pouvoir donner un âge souhaité à n'importe quel objet. Malheureusement, nous n'avons toujours pas pu trouver cet appareil suspect qui permettrait de travailler de manière exacte et il ne peut donc pas être pris sérieusement en compte comme méthode pour réaliser des copies. Les scientifiques ont conclu qu'il était possible, en théorie, de bombarder un objet aux rayons X afin qu'il obtienne un âge plus ancien. Mais dans la pratique, il est tout simplement impossible de contourner toutes les méthodes de vérification. Les courbes d'évaluation de quartz et de feldspat par la TL sont trop complexes et les traces de radiation interne sont détectables. Sans oublier que l'âge atteint par une telle technique de radiation devrait aussi correspondre avec les détails stylistiques de l'objet. Je ne connait personne qui croit encore en l'existence de cette technique de contrefaçon.

C'est ainsi que la balance a plutôt penché dans le sens du manque de crédibilité des méthodes métallurgiques. Les expertises dont nous disposons nous semblent trop peu scientifiques.

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Aluminium Aluminium
 

Au départ, nous ne voulions pas confronter les analyses en tant que telles. Aux premiers abords, la façon dont l'alliage avait été déterminé semblait correcte mais les résultats obtenus ne correspondaient pas. Des anciennes série de test réalisées en Angleterre avaient indiqué une certaine proportion de zinc que le laboratoire a repris, sans la remettre en question, et indique alors que l'âge analysé pour nos objets "n'est pas possible". En raison de cette proportion de zinc trop élevée, il se "pourrait" qu'un objet auquel la TL donne 400 ans date du 18ème siècle au plus tard. Une basse concentration d'antimoine et d'arsenic "indique" une date de création encore plus récente. Et l'analyse du matériau devient toujours plus incorrecte en ne faisant pas de distinction entre l'oxyde d'aluminium et aluminium métallique. Lorsqu'un objet contient 0,5% d'aluminium, qui aurait pu être produit dans sa forme métallique depuis la fin du 19ème siècle, le laboratoire conclut à partir d'une hypothèse que l'âge de cet objet "n'est pas possible" et le résultat absolu de son analyse le classe comme "nouveau".

Il ignore par là que l'analyse classique du matériau ne fait aucune différence entre l'oxyde d'aluminium et l'aluminium métallique. L'oxyde d'aluminium est présent dans l'alliage car il se retrouve aussi comme bauxite dans la fusion du minerai d'Afrique de l'ouest et ainsi aussi dans le noyau et le manteau du moule. Les nouveaux objets artisanaux du Nigeria que nous avons fait analysé ne contiennent aucune trace d'aluminium. Ils ont été fait à partir d'un métal actuel importé et meilleur marché.


Une autre théorie, que je n'ai pas encore vérifiée, va même jusqu'à dire que la chaleur atteinte lors de certaines méthodes de fontes locales utilisées en Afrique de l'ouest suffit à la formation d'aluminium métallique. La description qu'un chimiste m'a fait de ce procédé m'a paru si plausible que je souhaite l'évoquer en note de bas de page. (*)

La théorie de l'aluminium comme indice de l'âge "récent" d'un objet est ancré depuis longtemps dans les analyses métallurgiques. Mais une question se pose alors : Pourquoi un faussaire devrait-il se donner la peine d'interpréter un alliage, de refaire une patine, d'apporter un faux noyau si c'est pour verser du métal dans l'alliage afin qu'il contienne de l'aluminium? Du point de vue pratique, cela ne fait aucun sens.

Les séries de tests plus anciennes ne sont rien d'autre que des postulats et en aucun cas des faits. Dr. Peter Junge, dans son article publié dans le catalogue Benin - 5 siècles d'art royal, montre avec plusieurs de ces tests qu'ils contredisent la datation des objets.

Le laboratoire métallurgique cité ci-dessus ne considèrent pas seulement l'analyse du métal, il prend aussi en compte la patine. Là aussi, il ne s'agit que d'une suite de suppositions. Celle-ci atteint son apogée avec la déclaration qu'il serait possible de simuler une vieille patine en lui donnant une couleur marron-noire obtenue à partir de permanganate de potassium suivit d'un réchauffement. De plus, le laboratoire partait automatiquement du principe que les objets avaient été enfouis dans la terre et en tire la conclusion que le chlore, le soufre et l'étain n'avaient pas l'enrichissement correspondant. La plupart des bronzes d'Afrique de l'ouest ne sont portant pas enterrés. Ce n'est certainement pas le cas des trois objets qui ont été analysés. Dans le cas de la culture béninoise et des bronzes du Cameroun, la plupart des objets qui nous sont connus étaient placés à l'air libre pendant des centaines d'années. Les laboratoires semblent manquer de connaissances sur la fabrication de ces objets. Dans une grande partie de l'Afrique de l'ouest, les objets sont et ont été, directement après la fabrication, enduis d'une substance organique afin de créer artificiellement une fine patine de couleur marron transparente afin de remplacer la couleur jaune doré ou jaune-rouge qui ne correspondait pas aux goût de l'époque.

Cette patine est aujourd'hui toujours utilisée pour la fabrication d'objets artisanaux au Cameroun. Il est important de souligner que la patine n'est pas travaillée dans le but de faire un faux, mais pour mieux correspondre au souhait des clients et permettre ainsi de vendre plus. Peu de personnes viendrait à l'idée de décrire un meuble de style européen comme un faux lorsque celui-ci est patiné afin d'être plus facilement vendable. Dans tous les cas, un vendeur sérieux et expérimenté a l'oeil pour reconnaitre la différence entre nouveau et ancien.

Ce que nous ne savons pas c'est quels nettoyants ont été utilisés dans les ménages d'Afrique de l'ouest au 20ème siècle. Si on utilise notre propre histoire comme échelle de comparaison, peu de personnes utilisaient alors des produits bio et non agressifs. Depuis le 19ème siècle, les nettoyants ne contenaient que ce que les fabricants de chimie voulaient qu'ils contiennent. Ce que ces produits ont déposé sur la surface et ont provoqué comme réactions mériterait la constitution d'une nouvelle série d'analyses. De plus, à différentes périodes de l'histoire de l'Afrique de l'ouest, les objets lustrés étaient préférés à ceux qui ne l'étaient pas. C'est pourquoi il n'est possible d'étudier une patine souvent que plusieurs années après sa fabrication.

Il est ainsi très vite clair que l'analyse de la patine ne peut donner que peu de renseignements. Elle suppose en effet que l'objet n'ait pas été traité ou seulement de manière douce, qu'il ait été conservé dans un milieu homogène et - on ne sait encore rien là-dessus - sur l'esthetique du goût d'une époque et sur le traitement de la surface correspondants.


Insertion de noyau Aluminium

Les méthodes de datation par le prélèvement de métal et par la patine doivent être mises pour l'instant de côté. On ne peut pas dire que procéder de la sorte n'ait pas de sens, mais les recherches ne suffisent pas encore pour permettre de tirer des conclusions exactes. Jusqu'à présent, c'est la datation par TL qui est la plus exacte car elle analyse de manière absolue.

La plupart des experts partagent ces résultats. Pourtant, il existe un autre argument qui s'oppose à la validité de la TL dans ce domaine et qui nous préoccupe beaucoup. La TL évalue à partir de restes du noyau d'argile. Comme celui-ci n'est pas un élément de l'alliage lui-même, le soupçon reste naturellement présent qu'un faussaire ait été capable d'y insérer des petits fragments. Cela est certes une méthode facile à comprendre et qui se fait également, mais elle reste décelable. Il n'est donc absolument pas possible de parler d'une vague de faux. Il ne nous est arrivé qu'une seule fois de trouver un objet de la sorte. La poudre de tesson d'argile doit être fixée avec un liant. Lorsqu'elle est diluée seulement avec de l'eau, la texture obtenue n'adhère alors que comme du sable et se laisse émietter sans trop de résistance. Il faut un additif qui permet alors de la fixer à la manière du noyau original et qu'il faut gratter avec force. Ce liant ajouté, ainsi que le mélange non homogène de restes de noyau réagissent avec des légères divergences à l'analyse par TL, apparaissent comme élément perturbateur et attirent l'attention de l'expert qui a prélevé l'échantillon. Une analyse supplémentaire du liant du point de vue organique et inorganique permet d'ôter définitivement tout doute.

Un faussaire serait également confronté à des problèmes pratiques. Il devrait posséder une immense étagère dans laquelle il aurait à disposition un choix de fragments déjà testés par TL. Il devrait ensuite piler ces fragments et les intégrer dans une figure dont le style correspondrait à un âge donné. Comme la littérature ne donne que des dates approximatives, le faussaire ne doit donc pas être seulement bien équipé, il doit aussi posséder d'énormes connaissances. Outre le fait que le problème du liant n'est toujours pas résolut, il est difficile d'envisager que des faux arrivent depuis des dizaines années sur le marché sans que personne n'ait jamais été arrêté. De plus, si la personne qui prélève l'échantillon est expérimentée, il est facile pour elle de faire la différence entre un échantillon en terre-cuite intégré d'avec un noyau original.

Les bronzes ne sont pas comparables aux objets en terre-cuite. Lorsque l'on assemble des tessons issus de fouilles des cultures Nok, ces tessons ont définitivement le même âge et ils correspondent avec la classification stylistique. Les tessons cuits ne peuvent en revanche pas être intégrés au bronzes et du matériel pulvérisé réagit de manière diffuse.

Une autre théorie, similaire à celle sur les radiations, s'appuie sur un appareil à haute pression qui permettrait d'intégrer un noyau sous forme de poudre. Comment cela est-il censé fonctionner? Nous ne le savons pas. La friction obtenue à partir de la pression crée à une chaleur de plus 220° fait disparaitre complètement ou en partie le matériau analysé. Dans le cas d'une telle interférence, l'analyse par TL livre alors un âge plus jeune, voire récent. Les recherches menées jusqu'à présent pour déterminer s'il existe une possibilité alternative à cette méthode, ne donnent aucun résultat.



Analyses d'Oxford Aluminium

Lors de nombreuses conversations, des sceptiques ont douté de nos objets analysés et ont émis l'idée que les résultats des analyses par TL seraient liées à des intérêts commerciaux. Les contradictions apparues dans nos analyses ont été comparées avec celles réalisées par l'université d'Oxford, dont l'indépendance est présentée comme une preuve de sa supériorité. Mis à part qu'il n'existe presque plus ce que l'on appelle une "science indépendante", la popularité de cet argument auprès du public qui ferait qu'Oxford serait plus pertinent nous surprend. Voyons de plus près ce qu'il en est.

Nous avons livré une tête commémorative de style Ife en provenance la collection Paul Garn, de Dresde, au laboratoire d'analyse Begbroke Science Park de l'université d'Oxford. Une analyse TL réalisée sur la tête, qui avait été acquis entre 1920 et 1930, a révélé un âge de +/- 500 ans. Il est important de mettre l'accent sur l'origine et la date d'achat car à cette époque, personne ne venait à l'idée d'insérer un noyau. La datation par TL n'existait pas encore et personne ne pensait à apporter des restes de noyau nécessaires pour les analyses. Il n'existait pas non plus l'idée de faux au sens actuel. Jusqu'à présent, les analyses métallurgiques de nos clients ont été réalisée sur des objets importés en Allemagne dans les dernières dizaines d'années, si bien qu'il demeurait en théorie la vague possibilité d'un faux. Mais nous avons pu démontrer que ces moments de doutes n'avaient pas de raison d'être. Nous voulons toutefois envisager chaque possibilité afin d'appuyer nos études.

Avant que je ne rentre plus en détails dans les analyses d'Oxford, je voudrais présenter tout d'abords les résultats. Il s'agit là aussi d'une affaire vraiment douteuse.

Au début, je partais du principe qu'une analyse métallurgique en tant que telle devait être correcte, mais que c'était certainement les résultats obtenus qui ne correspondaient pas. Je supposais que la tête contiendrait de l'aluminium et une proportion de zinc trop élevé, ces deux facteurs étant avant tout à l'origine du débat entre la datation par le métal et par la TL.

Dans les analyses d'Oxford, il est écrit en introduction que nous avons livré la pièce pour la comparer à deux têtes de style Ife ayant été déterrées en 1938 et dont Willet a fait la description. Cela a été la première erreur. Nous n'avions pas commandé une comparaison, nous voulions uniquement une analyse métallurgique. Même si cela s'est finalement révélé être très intéressant. Les têtes utilisées par le Dr. Peter Northover comme éléments de comparaisons provenaient toutes deux de la période des fouilles à Ife. La tête que nous avions livré n'a certainement jamais été enfouie, mais a été exposée à l'air libre. Les deux têtes présentaient une proportion de zinc de 10% et la notre de 33%. Cela a été l'une des deux raisons principales que le laboratoire a utilisé pour considérer l'analyse par TL comme "erronée" et catégoriser l'objet comme "nouveau". Pourtant, si l'on compare maintenant ces 33% de zinc avec les analyses déjà réalisées sur des bronzes d'Ife et du Bénin, ce pourcentage, bien qu'important, reste dans le domaine du possible. Une proportion 33% se retrouve sur plusieurs styles différents et sur plusieurs siècles. Le zinc est fondu au Nigeria.


Le deuxième argument pour la classification en "nouveau" a été, comme prévu, les 0,3% d'aluminium dans l'alliage. Là, il est d'abord important de noter que le pourcentage d'aluminium des deux tête Ife utilisé pour la comparaison n'a pas été encore mesuré. Ces têtes ne peuvent donc en aucun cas servir de base à une comparaison. Il est également étonnant que la différence entre l'oxyde et le métal n'ait pas été faite. Les analyses simplifiées que nous livrent Oxford ne font pas du tout de différence entre ces deux états. Il est alors clair que non seulement les résultats ont mal été interprétés, mais que les analyses elles-mêmes contiennent aussi des erreurs.

L'analyse d'Oxford interprète mal la perte de zinc en surface due à la corrosion - un processus normal résultant d'une tension différente entre le cuivre et l'air. La surface de l'objet serait brûlée avec une flamme pour la création d'une fausse patine, ce qui aurait laissé s'évaporer le zinc. Le laboratoire en vient à considérer que l'objet ne peut pas être une tête Ife en raison des impuretés de fer et de nickel découvertes à un agrandissement très mal définit.

Une analyse plus approfondie de l'expertise permettrait certainement de découvrir d'autres erreurs dans l'analyse d'Oxford. Le laboratoire spécule rapidement et sans bases solides sur la quantité de métal dans l'alliage et sur les traces de corrosions à la surface, utilise des méthodes inappropriées et applique une analyse totalement obsolète. Dans un article spécialement consacré à ce sujet, nous avons examiné plus en détail chacune de ces erreurs et avons ainsi pu constater que les analyses réalisées par Oxford ne peuvent définitivement pas être appliquées.

L'expertise devient encore plus bizarre lorsqu'elle donne à la tête un âge de 50 à 60 ans. Cette conclusion tirée sans raisons compréhensibles est aussi exacte qu'un jet de dés à une table de bar. Si la tête avait vraiment cet âge-là elle serait plus jeune que sa date d'achat!

Il devient maintenant clair pourquoi certains "experts" utilisent le terme de "vague de faux" que nous ne pouvions pas nous expliquer.

Serait-il possible que les grandes maison de ventes aux enchères - qui n'indiquent le plus souvent pas de résultats d'analyses dans leur catalogue mais qui, comme chacun sait, travaillent avec Oxford - aient rejeté un grand nombres d'objets déjà analysés? Se pourrait-il que les objets testés à la fois par la TL - proposée également par Oxford (!) - et par l'analyse métallurgique et dont les résultats des deux méthodes seraient contradictoires soient ensuite triés, puis retournés au client avec la mention "faux"? Serait-il vrai que seule une petite partie des objets - ceux dont le plomb et le zinc correspondent aux analyses métallurgiques, la plupart du temps parce qu'ils sont composés d'un alliage sans aluminium importé d'outre-mer au début du 15ème siècle - aient une chance d'être proposé en ventes aux enchères?

Laissons de côté les hypothèses et revenons aux conséquences logiques sur lesquelles repose cette détermination de 50-60 ans. À cette époque, il n'y avait pas encore de TL et donc personne pour faire des faux à partir de l'insertion d'un noyau. Les analyses par TL ont été réalisées à partir des années 1970 dans les universités pour compléter des analyses métallurgiques. Le vrai problème est survenu il y a environ 10 ans lorsque les analyses métallurgiques se sont propulsées sur le marché et que les différentes expertises se sont contredites les unes aux autres. Il semble alors que a priorité n'ait plus été la recherche de concensus mais plutôt un concours d'éviction.

Les allégations faites par ces laboratoire et basées sur des analyses erronées ont eu des répercussions fatales sur le marché et ainsi aussi sur l'auteur de ces lignes. Si l'on suit leur logique, ils supposent avec ces accusations que j'aurais avant même 1989, date de ma première commande d'analyses, déjà placé des noyaux dans les objets du Nigeria et du Cameroun. J'aurais donc prophétiquement réalisé cela sur des objets qui, au début des années 90, n'étaient pas encore classés stylistiquement et pour lesquel j'aurais anticipé un âge alors en contradiction avec les recherches menées à l'époque.

Les conclusions d'Oxford mais aussi de celles des analyses métallurgiques allemandes dont nous disposons sont tout simplement insignifiantes. D'après les théories des laboratoires metallurgiques, les objets du Nigeria importés via le Danemark dans les années 1950, les bronzes du Cameroun importé dans les années 1940, les bronzes du Mali importés dans les années 1920, de successions, de personnes privées, de marchands européens et africains - tous seraient arrivés dans un laboratoire suspect dans lequel on leur aurait appliqué des restes de noyau d'après une méthode que personne ne pourrait citer. Cela serait si bien organisé que personne depuis 30 ans d'utilisation commerciale de la datation par TL ne pourrait nommer un faussaire et sa méthode. Qu'il n'existerait pas non plus d'explication sur la méthode qui serait utilisée pour l'application d'un noyau, si ce n'est qu'il s'agit d'un mélange de poudre fixée avec du liant? Que des centaines, des miliers d'objets de collectionneurs et de marchands feraient partie d'un cartel de faussaires dont la structure même n'aurait pu être révélée?

La classification de "récent" ou la datation de "50-60 ans" est aussi absurde que de prétendre, par déduction, que nous soyions impliqués dans un cercle de contrefaçons d'une dimension encore jamais égalée et qui aurait réussi à faire contribuer marchands, laboratoires de TL, collectionneurs et chercheurs pour arriver à ses fins. Il s'agirait donc d'un résau international de personnes qui ne se connaitraient pas, ne se seraient jamais vues, qui n'appartiendraient à aucune organisation commune et dont le seul point commun serait l'utilisation d'une méthode permettant de réaliser des faux dont personne ne peut prouver l'existence? Tout cela uniquement parce que quelques expertiseurs tiennent toujours à des méthodes douteuses et anciennes?

Il existe des décisions de justices prononcées dans les années 1990 dans lesquelles des experts aux titres de Docteur et de Professeur confirment la présence d'aluminium. Dans lesquelles la présence de zinc en différentes quantité a été confirmée. Dans lesquelles ils démontrent l'absurdité de la proportion de plomb et ses réactions qu'Oxford utilise toujours aujourd'hui comme base pour ses analyses. Ce procès qui, touchait à des bronzes du Bénin et d'Ife, a été gagné à 100%.

Tribunaux et chercheurs. Tous appartiendraient également à cet immence cercle de faussaires?


Resumé Aluminium
Résumée

Il faudrait rejeter toutes ces idées absurdes afin d'arriver à produire un terrain stable pour tous qui permettrait la datation des objets. Les laboratoires spécialisés sur l'analyse métallurgique doivent changer leur critères de tests. Il est clair qu'il existe des erreurs dans les méthodes d'analyses et il est encore plus clair que les résultats obtenus sont incorrects. Les laboratoires n'ont pu maintenir les erreurs que la justice, la science et l'histoire de l'art ont critiqué et qui sont pourtant clairement la sources de disputes insensées menées entre collectionneurs, marchands, ethnologues et historiens de l'art.

Comme décrit plusieurs fois dans de précédents articles, ces refus de la part des laboratoires d'analyse continuent de constituer une discrimination évidente envers les artisans, les artistes et les historiens de l'art de ces pays d'origine et même envers le domaine politique et diplomatique.

Déjà autrefois, lorsque des bronzes du Nigeria sont arrivés en Europe aux alentours de 1900, des révélations importantes sur la création africaine ont été refusées au motif que les "sauvages de là-bas" ne seraient pas en mesure de réaliser un tel alliage. De manière subtile, certains ethnologues ont choisit de prendre un chemin détourné et d'attribuer cet art à un royaume divin afin de construire l'explication d'un modèle menaçant caractérisé par peu d'exceptions et dont la chute culturelle serait assurées. Modèle qui a ensuite imprégné l'esprit colonial et absolutiste du 20ème siècle et qui se poursuit aujourd'hui dans la mentalité structurellement conservatrice de collectionneurs et de scientifiques occidentaux.

Pourquoi nous débattons-nous toujours avec l'Afrique?

Si nous voulons construire une relation moderne et d'égalité avec les différents pays africains, nous devons aussi apprendre à accepter leurs positions. La fonte de bronzes au Cameroun est vielle d'au moins 300 ans. Il existe donc aussi des objets anciens. Il existe également beaucoup plus de bronzes du Nigeria que ce qu'il est décrit dans la littérature et ceux-ci sont nettement plus ancien que ce qui est acceptés par une partie des chercheurs.

Le contexte que j'ai décrit dans plusieurs articles ayant trait aux bronzes coïncident avec les positions de nombreux historiens de l'art nigérians. Ceux-ci sont en revanche très dépendants dans leurs recherches d'une coopération avec l'Allemagne car nous avons - pour l'instant - toujours le plus gros fond de bronzes du Bénin.

Ces coopérations sont freinées lorsque des marchands allemands ne sont pas considérés comme sérieux et que la recherche stagne. Tout comme la collection Garn - qui avait été proposée aux USA - de plus en plus d'objets qui auraient pu servir de base à une coopération entre les pays disparaissent parce que les objets présentés en Allemagne ne sont pas reconnus à leur juste valeur. C'est ainsi que depuis au moins une vingtaine d'années, de grandes collections allemandes et d'importants objets partent vers la Belgique, la France et les États-Unis.

Nous espérons qu'un nouveau vent soufflera sur l'Allemagne avec la récente création d'une chaire à l'université libre de Berlin et que de tels thèmes feront l'objets de recherches. Menées ensemble avec des chercheurs africians.

© Peter Herrmann, octobre 2008
Traduction: Audrey Peraldi, decembre 2013

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* Complément. Octobre 2012

Il est maintenant accepté que de l'aluminium pur, c'est-à-dire de l'aluminium métallique soit présent dans le sol en Afrique de l'ouest. Indépendamment de l'état élémentaire dans lequel l'aluminium est présent dans le bronze, il ne donne pas d'indications sur l'âge. (Retour à aluminium)

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